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Le Naïkan (内観, littéralement "regard interne" ou "introspection", prononcez "naille-canne") est une méthode naturelle de santé psychologique développée à son origine par "l'Ecole de la Terre Pure", une des authentiques et antiques religions bouddhistes du Japon.

De nos jours, le Naïkan est devenu une discipline laïque, sans référence cultuelle au Bouddhisme en tant que religion. Le Naïkan peut donc être mis en oeuvre dans des séances au bénéfice de tous, et être appris par tout le monde. Son originalité est que le Naïkan opère un changement de notre état d'esprit dans un temps relativement court et sans avoir à verbaliser les événements frustrants de son existence.
 

Pratiqué depuis environ 900 ans, les effets cliniques du Naïkan sont spécifiquement connus et ont été étudiés scientifiquement
depuis les années 1970. Il est exercé dans de nombreux hôpitaux au Japon et en Corée, et dans des cliniques privées en Allemagne et aux Etats Unis.

O Naïkan agora no Brasil em português : 


Qu'est-ce que le Naïkan ?

Le Naïkan conjugue méditation et analyse psychologique, où la personne souffrant agit seule, assistée par le praticien. Il ne s'agit pas d'une psychanalyse, ou d'une psychothérapie, mais d'une réflexion silencieuse sur soi, où le praticien assure une présence chaleureuse et dénuée de tout jugement. Le méditant peut ensuite discuter avec le praticien, s'il le souhaite, de son expérience. L'objectif est de retrouver un mode normal de raisonnement, libéré des aberrations égocentriques et des frustrations narcissiques.



Comment se pratique le Naïkan ?

Celui qui effectue le Naikan est invité à se poser trois questions (dont l'ordre peut être inversé) :
1. Qu'ai-je reçu des autres ?
2. Quel bien ai-je fait dans ma vie.
3. Quel mal ai-je fait dans ma vie ?

Chaque thème est abordé d'abord avec le praticien, qui donne des pistes de réflexion. Le méditant s'isole ensuite quelques heures, avec un maximum de 15 heures (en une ou plusieurs fois), pour considérer la question. Le praticien peut être consulté à tout moment, pour fournir une aide psychologique ou matérielle (boisson, couverture), ou veiller à ce que la méditation se passe bien.


Différences entre psychologie occidentale et Naïkan (*).
Psychologie occidentale Naïkan
Se focalise sur les sentiments et les impressions personnelles Se focalise sur les faits
Revisite les faits du passé lors desquels vous avez été blessé ou vous êtes senti malheureux Souligne combien vous avez été soigné et assisté par le passé
Le thérapeute valide votre expérience La thérapie aide le patient à intégrer le point de vue d'autrui
Vous blâmez autrui pour vos souffrances Vous prenez la responsabilité de votre conduite et des dommages causés à autrui
Le thérapeute valide l'analyse et l'interprétation du patient La thérapie fournit un cadre et une méthode d'analyse au patient
Le thérapeute aide le patient à augmenter l'estime de soi La thérapie aide le patient à accroitre son appréciation positive de la vie


Que peut m'apporter le Naïkan ?

Contrairement aux psychothérapies occidentales, qui exacerbent l'ego, le Naïkan invite à dépasser les blessures et les événements traumatiques de l'enfance et de la vie, pour mettre en évidence combien nous recevons de l'environnement naturel et des gens qui nous entourent. Au lieu de reconstruire le mythe de notre personnalité, étroite et narcissique, le Naïkan invite à considérer que notre action est emprunte d'immaturité et de sottise.

Etre adulte, selon le point de vue du Bouddhisme, c'est percevoir clairement sa fonction dans le grand cycle naturel des interdépendances, où chacun trouve sa place. Etre sage, c'est également savoir aller au-delà des apparences et de notre place dans ce cycle, pour percevoir l'essence commune de tous les êtres et la nature réelle des événements. Alors, ils ne sont plus ressentis comme une menace, que nous devons affronter, mais une opportunité de bonheur.


Le Naïkan est-il une psychanalyse ou une psychothérapie ?

Le Naïkan ne se concentre pas sur l'ego, l'affirmation de soi et les traumas qui ont construit notre identité illusoire, comme la psychanalyse. Le Naïkan s'attache à notre nature fondamentale, qui est identique à celle des Bouddhas, mais qui se trouve voilée par nos colères, nos soucis, notre avidité, notre paresse et notre manque de respect envers les innombrables créatures qui nous entourent ... et plus généralement le brouillard mental et émotionnel que nous entretenons et qui nous empêche de nous connaître, sans fard et sans illusion.

Après une première phase de possible "culpabilisation", qui permet la prise de conscience que, par nature, nous ne sommes pas parfaits, le Naïkan invite, dans une seconde phase, à considérer et valoriser tous les bons moments passés de l'existence et à nous ouvrir à l'instant présent avec liberté et sagesse. Par l'effet de la méditation, nous accueillons la vie non plus sur la base de notre masque social ou de l'image que nous voulons donner de nous-même pour nous protéger illusoirement ou tenter dérisoirement de dominer la situation ... mais sur la base de notre essence, qui est lumineuse, radiante et disponible à chaque instant  en nous. C'est cette essence intérieure, qui est notre être même et qui est commune à tous, qu'incarne le Bouddha et que cache notre nature humaine dans la vie ordinaire. Il s'agit donc de se retrouver soi, en vérité et sans jugement.

Le Naïkan ne relève donc pas de la psychanalyse ou de la psychothérapie, puisqu'il ne vise aucunement à analyser ou soigner notre psychisme en renforçant le "moi", comme on le fait en Occident. Sa proposition est de ramener notre conscience à son état naturellement sain, occulté par notre égocentrisme pathologique, où nous réalisons l'extraordinaire réseau de solidarité et d'amour où nous nous trouvons et qui ne peut que génèrer en chaque instant de la vie une immense satisfaction. Takao Murase, un praticien de Naïkan célèbre au Japon, écrivait : "Véritable guérison par la gratitude, le Naïkan nous débarrasse de notre rôle de victime et des ressentiments qui empoisonnent notre âme. Nous prenons alors conscience de l'extraordinaire réseau d'amour, qui fonde concrètement notre existence et nous commençons à vraiment apprécier la vie".


Où pratiquer et apprendre le Naïkan ?

Pour pratiquer le Naïkan, tout d'abord, il y a la condition du temps  consacré, qui est mis de côté exclusivement pour la réflexion. En second lieu, il y a l'utilisation d'un espace, de préférence avec un certain degré d'isolement, qui limite la distraction externe. Et en troisième lieu, la structure des questions nous aide à examiner notre vie avec une emphase sur notre conduite par rapport à autrui, aux autres créatures et aux objets.

Cette structure emploie nos rapports à autrui comme autant de miroirs, dans lesquelles les personnes peuvent se voir. Nous réfléchissons sur ce que nous avons reçu des autres, ce que nous avons donné, et quels ennuis nous avons causés. Ceci fait, la conscience est désencombrée de tout narcissisme ou estime erronée de soi. Le méditant est alors prêt à recevoir le "message" des événements, pour vivre sa vie comme une expérience enrichissante, et non plus névrotique.

Le Naïkan a été imité et détourné de sa fonction première, pour aboutir uniquement à un questionnement sur les actes nuisibles commis par le consultant dans le passé. C'est alors la méthode dite "auditoring". Le Naïkan authentique n'a rien à voir avec cette technique, bien que des Occidentaux s'en réclament. Au contraire, il considère le passé comme révolu, devant être oublié et neutralisé, pour permettre au méditant de se positionner face à la vie avec joie.


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Pascal Treffainguy pratique et enseigne le Naïkan dans la tradition laïque japonaise. Il organise et vous accompagne lors de séances de méditations privées, où sont acquises les bases du questionnement et les postures méditatives. Puis, si vous souhaitez pratiquer le Naïkan vous-même, il l'enseigne lors de stages en week-end. Les séances et les cours sont tous donnés à titre gratuit.

 

Note.
(*)
Extrait de "Naikan : Gratitude, Grace, and the Japanese Art of Self-Reflection", de Gregg Krech, Stone Bridge Press, 2002.



© Pascal Treffainguy et Editioun vun Killebierg, Luxembourg.



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