Différences avec la psychanalyse



Différences avec la psychanalyse.


La psychologie occidentale ne se préoccupe que de notre
collection de névroses, d'anxiétés et d’habitudes, qui nous sont tellement familières que nous nous identifions à elle. Elle propose de verbaliser nos traumatismes pour renforcer notre "impression de moi" et retrouver ainsi  notre capacité d'affirmation de soi, qu'elle estime être la condition de la santé mentale et que le maladie (dépression, névroses et autres pathologies psychiques) est réputée avoir affaiblie.


Pour la psychanalyse, l'évolution de l'homme culmine ainsi dans un état de maturité psychologique chez un être humain capable de jouir, de supporter une dose raisonnable de contrariétés, de travailler, d'élever sa progéniture. Après quoi il décline et il disparaît définitivement, au travers de la sénilité, puisque, bien entendu, il n'y a rien après la mort.


Pour soigner, la psychanalyse classifie nos névroses, anxiétés et habitudes en distinguant le "moi", le "surmoi" et le "çà", qui s'articulent alors entre "conscient" "pré-conscient" et "inconscient" (5). Les idées de la psychologie classique et de la psychanalyse sont pourtant relatives et datées ; car celles du rationalisme et du matérialisme de leur temps, c'est à dire celui de l'apogée de la révolution industrielle et du dogme scientiste. Du point de vue du Naïkan, la psychanalyse entretient le manque de maturité des individus, en les maintenant dans un état de demande typique de l'enfance. Elle ne peut s'exercer que dans une société individualiste, où les plus forts réalisent leurs désirs les plus narcissiques ; tandis que les faibles sont considérés comme des parasites ou des inutiles, voire sont exploités.


Le Naïkan ne s'intéresse pas à nos névroses, anxiétés et habitudes. Il se concentre sur ce qui est positif dans notre vie : ce que nous avons reçu et recevons à chaque instant. Face au réseau extraordinaire de solidarité et d'amour qui nous porte à chaque instant de la vie, le Naïkan souligne combien l'affirmation de soi et de sa petite histoire personnelle est une attitude relative, voire puérile.


En relativisant le moi et ses supposées blessures, le Naïkan ne vise pas à l'affaiblir mais à le remettre en perspective au sein de ce réseau. Nos souffrances égotiques et nos manques sont alors relativisés en soulignant le fait que nous aussi, malgré tout ce que nous avons reçu de la vie et d'autrui, avons commis des actes négatifs.


Au lieu de nous réaffirmer comme des "nombrils du monde", à qui tout est dû et victimes des autres, le Naïkan nous invite à nous défaire de notre égocentrisme  et à agir en conscience pour retrouver notre identité au sein du réseau global de relations, qu'offre notre vie. Ce que nous découvrons de nous-même nous invite alors à plus de gratitude et à bien plus d'ouverture que d'ordinaire. Nous jugeons moins et nous acceptons les expériences de la vie comme des événements, qui ne sont pas là pour nous détruire, mais pour nous rendre plus spirituellement lumineux et donc beaux, et surtout plus aimants.


La vie est ainsi un processus de progression vers plus d'authenticité et non pas une course à l'affirmation de soi, par la réussite économique ou l'accumulation de biens. Alors la société n'est pas le lieu de lutte des classes entre les ambitieux, les fainéants et les soumis (selon le schéma eschatologique de Platon) ; mais un lieu d'échanges équitables, où chacun est valorisé à la place qui est la sienne et en fonction de ses dons et talents, au sein de cet incroyable réseau d'amour que forme la vie.

 


Tableau synoptique des différences. 

                  Psychanalyse freudienne  Naïkan
Objet Renforcer le moi Relativiser le moi
Moyen Verbalisation des névroses, des anxiétés et des habitudes Méditer sur les dons de la vie et nos actions altruistes, comme égoïstes
Objectif Matérialiste et rationnel : affirmer ses désirs raisonnables Spirituel et qualitatif : trouver une place mature au sein de ce vaste réseau de solidarités et d'amour entre les êtres, qu'est la vie
Issue Pas de jugement moral sur sa propre existence et pas de vie après la mort Progresser vers l'authenticité pour se préparer au jugement qui marque le début de notre existence post-mortem


 


Note.

(5) Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Th%C3%A9orie_de_Freud.svg).


Copyright Pascal Treffainguy, Luxembourg

 

 

 

 

  

 

 

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